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Chronique : Max et Sven

Auteur(s) : Tom Bouden.

L’auteur flamand Tom Bouden est malheureusement peu publié en France. On peut donc être reconnaissant à l’éditeur H&O d’avoir proposé au public français l’excellent Max et Sven (trois autres albums sont disponibles en anglais, vous pouvez les découvrir sur ce site).

Dans cet album, le lecteur suit les années d’adolescence de Max, durant lesquelles il tombe immédiatement amoureux de Sven, un nouveau camarade de classe, ce qui lui fait comprendre pour de bon qu’il est homo.

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Max rencontre Sven

Le ton de l’album varie entre détails réalistes (Max, gamin, qui a le béguin pour un garçon rencontré pendant des vacances, sans que ses parents ne se rendent compte de rien) et fantasmes érotico-humoristiques (Max racontant d’érotiques scènes de groupes chez les Scouts et dans un pensionnat - à se demander si Bouden connaît les films de Cadinot).
S’y côtoient également une grande légèreté et un doux humour, qui différencient largement cet album d’une bonne partie des sombres histoires mettant en scène de jeunes homos. Non pas que celles-ci n’aient pas d’importance (et elles sont malheureusement bien réalistes), mais l’expérience de Max est tout autre. Peut-être parce qu’il vit dans un pays d’Europe du Nord à la fin du XXème siècle, ce qui lui permet d’avoir facilement accès à un groupe pour jeunes homos, et à ne pas avoir à faire face à l’homophobie.
Un autre aspect de cette sensibilité nordique est la façon dont le sexe est dépeint dans cet album : il fait naturellement partie du paysage, que ce soit avec Max essayant pour la première fois des capotes, ou avec les fantasmes explicites du jeune homme. Mais ces passages érotiques servent l’histoire, et non le contraire. Max et Sven n’est donc pas de la pornographie (Bouden a touché à ce genre dans d’autres albums).

Tom Bouden est aussi à l’aise quand il dessine ces passages qu’avec ceux plus terre-à-terre. Son style est clairement héritier de la ligne claire, avec des visages expressifs et des décors réalistes. Les pages sont denses, les découpages adaptés au format large.
Les personnages principaux ne sont pas représentés comme des acteurs sortis d’un film porno, et le fait qu’ils ressemblent à n’importe jeune mec (plutôt mignon, quand même) accroît la crédibilité de l’histoire, tout comme le sentiment que nous pourrions rencontrer ces personnages au coin de la rue.

L’amitié de Max et Sven, qui survit au grand aveu de Max à propos de ses sentiments pour Sven et à la découverte de leur non-réciprocité, est un des éléments les plus importants de l’album. Tom Bouden arrive très bien à montrer la façon dont nos proches influent sur nos vies, nos amours et nos espoirs.

Il est malheureux que les lecteurs francophones n’aient pas accès aux autres albums de Bouden, en particulier une version uniquement masculine de la pièce d’Oscar Wilde L’Importance d’être Constant. En attendant peut-être ce jour, relisons le tendre et sexy Max et Sven.