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Chronique : Conrad et Paul 1 - Couilles de Taureau

Auteur(s) : Ralf König.

Avec Couilles deTaureau (Bullenklöten !, 1992, trad. litt.), Ralf König nous propose un condensé de son travail des années 90 : une galerie de personnages à la fois insupportables et attachants, de la baise sans cache-sexe, un humour gentiment grave, et une propension à faire surgir le romantisme au milieu des taches de sperme, si vous me permettez cette image. Mais surtout, cet album introduit le couple le plus célèbre de l’œuvre de König, Conrad et Paul, les hommes semble-t-il les plus mal assortis du monde. Conrad est un prof de piano qui n’est pas insensible aux charmes de ses éphèbes d’élèves, quand Paul est un accro du sexe, de préférence avec des mâles virils et poilus. Dix ans après leur rencontre, ils sont toujours ensemble. Pourtant, cette fois-ci, leur relation va en prendre un coup…

Évidemment, le thème du couple homo qui tourne un peu en rond et se retrouve confronté aux aventures extra-conjugales de chacun des partenaires n’a rien d’original.
Paul passe en effet son temps dans les bars et se tape des tas d’hommes, en se protégeant bien sûr… le plus souvent, sans d’ailleurs s’en cacher vis-à-vis de Conrad. Sa découverte sur un chantier d’un ouvrier espagnol qui ferait bander le Pape est cependant d’un autre ordre : le petit satyre passe de l’obsession purement sexuelle à quelque chose d’autre, au fur et à mesure de ses efforts herculéens pour s’approcher de la bête de sexe aux désirs peut-être un peu confus.
Conrad, quant à lui, ne peut s’empêcher de soupirer après le jeune Matthias, qui semble aussi innocent que son piano mais dont la vie n’est pas aussi transparente que voudrait le croire sa catho de mère. Et tout ce petit monde de rentrer dans la danse, croqué par le crayon d’un Ralf König qui prend manifestement plaisir à représenter tout une palette d’hommes, de l’adolescent à l’homme mûr, de la crevette au camionneur.
L’auteur prend le temps tout au long de ces 130 pages de développer assez ses personnages et leurs dilemnes pour dépasser le cadre d’une simple comédie de mœurs. Sans affirmer que l’album atteint des sommets de finesse, on ne peut s’empêcher de constater que la façon dont König retombe sur ses pieds à la fin de l’album est à la fois surprenante et très cohérente. Malgré (ou à cause ?) de ce qu’il leur fait subir, König semble avoir assez d’affection pour ses personnages pour vouloir leur offrir quelques moments de sérénité.

Cet album est épuisé, mais peut être trouvé chez des vendeurs d’occasion ou sur des sites comme Price Minister. Il est également inclus dans la compilation Conrad et Paul : L’intégrale, parue en 2006 et qui contient les quatre premiers albums mettant en scène les deux compères.