Alors là, le traducteur a complètement pété les plombs. Quand ce cinquième album mettant en scène Conrad et Paul était intitulé à l’origine Batman Returns (“Le Retour de Batman”, 1997 pour l’Allemagne), Fabrice Ricker a été chercher une référence à une chanteuse transgenre israëlienne qui venait de gagner l’Eurovision, rendant la couverture de l’album absolument incompréhensible. Mais heureusement, ça n’empêche pas l’album d’être aussi bon que ses prédécesseurs.
Entre preuves d’amours et désert sexuel, la relation de Conrad et Paul continue à connaître des hauts et des bas dans cet album de 48 pages, qui présente une vingtaine d’histoires, parmi lesquelles on pourra retenir celle du retour de la sœur de Conrad, cette fois-ci au bras d’un boxeur baraqué qui fait bander Conrad et dont la présence provoque une engueulade mémorable entre le frère et la sœur - et qui dépasse le cliché souvent illustré par l’auteur de l’hétéro baraqué mais bas du front. Autrement dit, encore une fois, König réussit à surprendre son lecteur.
Une autre séquence hilarante concerne une photo “d’art” au format tableau d’une certaine partie de l’anatomie d’un acteur porno, le bien nommé Sloan Membrandt, photo que veut absolument acheter à prix d’or Conrad, au grand dam de Paul. Celui-ci viendra pourtant au secours de son mec, transformant une situation très porno en moment romantique.
Enfin, la séquence qui clôt cet album et qui voit Conrad, déguisé en Batman lors du Carnaval bien arrosé de Cologné, jouer les innocents avec un charmant petit hétéro déguisé en marin, donne l’occasion au lecteur de finir sa lecture un grand sourire aux lèvres, parce qu’il faut bien avouer qu’il n’y a pas plus mignon que de voir Conrad, la tête couverte de la cagoule de Batman, jurer un amour éternel à Paul.
Ralf König conclue donc de manière magistrale cette première série d’albums consacrés aux deux amoureux improbables.