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Chronique : La Capote qui tue

Auteur(s) : Ralf König.

Voici les albums qui ont fait de Ralf König un artiste à suivre, avec son arrivée chez Glénat, qui publiera tous ses albums en français, et le début du travail de Fabrice Ricker, le traducteur (hétéro !) qui l’accompagne jusqu’à aujourd’hui. La Capote qui tue (Kondom des Grauens, 1988, litt. La Capote de l’horreur) et Le Retour de la capote qui tue (Bis auf die Knochen, 1990, litt. Jusqu’à l’os), traduits à l’origine sur deux volumes en 1991 et disponibles depuis 1999 en un seul de 160 pages sous le titre de la première histoire, constituent pour l’instant la seule incursion de Ralf König dans l’univers du polar mâtiné de gore. Ces deux BD sont en effet des hommages appuyés au cinéma de genre, en particulier d’horreur. Sauf que là, le psychopathe massacreur est remplacé par une capote. Tous les clichés du genre splatter y sont, jusqu’au fait de faire une suite au premier « film ».

Le premier volume démarre sur les chapeaux de roue : dans un New-York bien glauque, un homme amène une jeune fille dans un hôtel de passe, enfile une capote, entame sa besogne… et se met à pisser le sang, son sexe coupé net. Une histoire de vagin denté ? Que non ! L’inspecteur Luigi Mécaroni, chargé de l’affaire, a la bonne ( !) idée d’aller faire un tour dans cet hôtel, accompagné d’un garçon de petites mœurs, mais amateur de grosses bites. On ne se refait pas. Leurs ébats sont rapidement interrompus par l’apparition d’une capote très agressive qui se lance, toutes dents dehors, en direction de l’entrejambe de l’inspecteur. Et là, on peut se demander ce que König a fumé. Et s’il en reste. Mais je digresse.

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Mécaroni, le jeune mec et la capote

L’album suit donc l’enquête de Mécaroni, qui va se retrouver poursuivi par l’étrange capote, mais aussi par le petit jeune qu’il avait failli se taper à l’hôtel et à qui il a tapé dans l’œil. Faire admettre à ses collègues que se balade dans l’hôtel une capote castratrice ne va pas aller sans poser quelques problèmes à notre héros, qui s’avère aussi réfractaire à l’idée de tomber amoureux que de se faire châtrer. On a beau être pédé, on n’est pas moins un homme, et les sentiments, c’est pour les gonzesses… Ou du moins, c’est ce que semble penser Luigi.
König réussit parfaitement à entremêler tous les aspects de son histoire, et arrive à rendre sympathique son personnage principal, pourtant a priori le modèle du beauf homo. D’ailleurs, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne cherche pas à le gâter physiquement. Mécaroni ne ressemble pas à un acteur hollywoodien, et c’est tant mieux. Et si la fin de l’histoire ressemble bien à un happy end, beaucoup de questions sur cette mystérieuse capote restent sans réponse. Heureusement que l’auteur nous a proposé une suite.

Nous retrouvons donc Mécaroni pour une deuxième aventure encore plus trépidante, et deux fois plus longue que la première. Des squelettes très bien nettoyés d’hommes récemment en bonne santé sont découverts, dont celui d’un propriétaire de bar homo. Notre inspecteur et pédé de service est donc mis sur l’affaire. Mécaroni ne vit plus avec le jeune gars du premier volume, et semble revenu à ses bonnes vieilles habitudes de passer ses nuits avec des garçons à louer, ce qui ne manque pas de choquer Plumley, le très coincé coéquipier qui lui est attribué pour son enquête.

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Luigi rencontre Billy

Dernière personne vue en compagnie du propriétaire de bar, la jeune star du porno Billy Bullcock est interrogée par Mécaroni, qui commence assez vite à comprendre que 1/ Billy n’est pas le coupable, et 2/ Billy est un garçon plus intéressant que sa profession pourrait le laisser craindre. Les deux hommes que tout semble séparer sympathisent alors petit à petit.
Ralf König a écrit ici une histoire qui ressemble autant à un remake de la précédente qu’à une suite, un remake où tout serait encore mieux pensé, et les personnages plus développés. On apprendra ainsi l’origine de la fameuse capote (et elle n’est pas seule créature homophage !), on verra un flic prétendument hétéro se découvrir un intérêt pour certains sports entre hommes, et l’on assistera au début d’une histoire d’amour très, très improbable.
Si König fait souvent preuve dans ses histoires courtes d’un humour assez cruel, il est ici dans une veine finalement très romantique, suivant en cela les schémas de la fiction d’aventure grand public. Avec certes quelques modifications : il y a un peu moins de personnages homos qui baisent dans la fiction grand public.

La Capote qui tue et Le Retour de la capote qui tue constituent dans l’œuvre de Ralf König une exception. On peut le regretter, car il y fait montre d’une belle imagination au service d’une intrigue où l’homosexualité des personnages est à la fois centrale et sans histoire.

1 comment to La Capote qui tue

  1. BD: « Pain d’épice », de Ralf König | Yagg
    février 10th, 2011 à 11:21

    […] gardien quelque peu inhabituel (et qui nous a grandement fait penser au personnage principal de La Capote qui tue) est un bijou d’humour […]