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Chronique : Le Piqueur d’étoiles

Auteur(s) : Shizuka Nakano.

Il existe certaines œuvres qui vous touchent particulièrement, qui vous marquent. Le Piqueur d’étoiles en fait partie.

La mangaka  Shizuka Nakano part de petites histoires ancrées dans un quotidien, qu’elle habille d’un certain onirisme et d’une belle sensibilité qui redonne vie et goût aux choses. Avec un univers métaphorique et une incroyable finesse, l’auteure décrit et définit l’indéfinissable : les non-dits , les prémices d’une relation, d’un désir, d’une attirance, la magie d’une rencontre, d’une amitié, l’espoir, le désespoir, mais aussi le bon goût du chocolat et la saveur de la cannelle et de ses interdits…

À travers neuf belles histoires servies par un agréable graphisme où un tramage donne vie et relief aux personnages et une narration un peu étrange, parfois déstabilisante, mais laissant libre cours à l’imagination du lecteur, Shizuka Nakano nous propose  un univers poétique et intemporel qui flirte parfois avec le fantastique.

Ajoutez à cela une très douce et troublante sensualité qui s’échappe de ces pages - particulièrement celles traitant d’attirances entre hommes,  dont le parfait exemple serait la nouvelle Le Garçon au parfum de pluie.  D’ailleurs à ce sujet,  S. Nakano explique son choix de traiter préférentiellement d’amours entre hommes par une recherche « d’objectivité » : « Dans le type d’univers que je crée, une fille ne serait pas très adaptée. Mettre en scène une fille serait trop proche de moi, trop réaliste, j’aurais un regard trop subjectif. Pour faire un manga intéressant, il faut avoir une approche objective des personnages. En utilisant des garçons, je peux choisir la vision que je veux ». Elle affirme également que « l’univers mystérieux est plus facile à créer en utilisant une histoire de garçons car la frontière entre l’amour et la haine est plus fragile ».

Mais après tout peu importe, et comme elle dit elle-même : « Dans les interviews, on me pose souvent des questions sur les amours homosexuelles. Mais ce n’est pas mon premier propos ». Et pourquoi tenter de justifier quelque chose qui n’a pas besoin de l’être ? Parce qu’une femme écrivant sur des amours entre hommes n’est capable que de récits type yaoi ? Non, bien sûr que non, voyons ! Et ce serait faire affront à notre sensibilité féminine ! Le Piqueur d’étoiles en est à ce niveau-là un bel exemple, par l’universalité du public qu’il peut toucher.

Ce recueil est tout simplement une brève immersion dans un monde étrange, capable de raviver certaines émotions, d’attiser nos sens, un espace où poésie, sensualité et onirisme se côtoient en une belle harmonie.