C’est un petit livre sympa, sorti dans une relative discrétion à la fin de l’année dernière et qui, noyé dans les sorties BD du quatrième trimestre, est passé à peu près inaperçu. Dommage car cette présentation décomplexée de différentes familles recomposées mérite mieux. Sur le mode de la chronique intimiste à la première personne, le journaliste Jacques Braunstein mélange autobiographie et enquête, nous introduisant dans le quotidien des habitants d’un immeuble (celui du narrateur) partagé par différentes familles non traditionnelles parce que réunissant des parents et leurs enfants issus de précédentes unions, monoparentales, et même homoparentales. Le propos est gentiment illustré par Domitille Collardey, jeune dessinatrice surtout connue pour sa participation au blog collectif Chicou-Chicou.
Bon, ne rêvons pas non plus : la famille a beau être recomposée, elle demeure à une écrasante majorité hétéroparentale (qu’on me pardonne le néologisme) et le gentil couple gay de l’immeuble, composé de deux messieurs bien sous tous rapports, garde une place très effacée dans le tableau. L’auteur reconnaît lui-même, par la voix de son personnage, que son petit univers est financièrement et culturellement privilégié. C’est par conséquent une vision très rassurante qui est donnée du phénomène traité. Qu’on se rassure, aucun parent ne quitte son conjoint pour aller vivre avec une personne du même sexe et le couple gay devient parent en adoptant une petite Malienne. Pas de révolution, donc, mais quand même un pas dans le bon sens.