Voici une interview de l’auteur de Josh, un manga français racontant les aventures d’un ” jeune gay dans la vie de tous les jours”.
Sur ton site, tu te présentes comme un métis d’origines laotiennes et françaises. Dimitri Lam est-il un pseudo traduisant ce métissage ou est-ce ton vrai nom ? Si tu utilises ton vrai nom, pourquoi n’as-tu pas préféré l’emploi d’un pseudo ?
En effet, je signe sous mon vrai nom. Cela s’est fait naturellement, sans y réfléchir. J’ai la chance d’avoir un nom et un prénom simple à mémoriser, pourquoi en changer ? À l’époque où j’ai commencé à faire des conventions mangas, il y avait tellement d’artistes qui prenaient des pseudos japonais, en se faisant passer pour des dessinateurs étrangers, que j’ai voulu partir dans la voie opposée, pour être sincère avec mon public.
Comment es-tu venu à la BD ?
À la base, je voulais avant tout être illustrateur. J’adore créer des atmosphères… Il faut savoir que lorsque je commence une illustration, je crée toute une histoire, psychologie du personnage qui apparaît, etc. Même si cela n’est pas ressenti par les personnes qui voient le dessin fini. Cela me permet d’être satisfait et rassuré sur la consistance du visuel. C’est petit à petit, en voulant développer ces images que j’en suis venu à vouloir raconter des histoires à travers la BD.
Comment as-tu acquis cette connaissance du style et de la narration manga qui m’a tant bluffé dans Josh : Illusions? As-tu pris des cours ? Quel est ton parcours artistique ?
À part un CAP bijouterie (avec beaucoup de dessin d’art), je n’ai pas fait d’études spécifiques. J’ai commencé à dessiner tout petit, mon père ayant aussi un talent dans ce domaine. J’ai vraiment suivi cette voie en autodidacte, guidé par ma passion du dessin, du cinéma… J’ai toujours été passionné par l’écriture et l’on peut dire qu’à l’école, j’excellais plus dans les matières littéraires et artistiques que dans les scientifiques. Après, en ce qui concerne mes créations, je fonctionne à l’émotion, au coup de cœur. J’apprends tout les jours et j’aspire sincèrement à m’améliorer.
Exerces-tu une autre activité en dehors de la BD ? Si oui, cette activité a-t-elle un lien avec le dessin ? Et comment arrives-tu à t’organiser pour faire de la BD en plus de ton travail ? Sinon, comment fais-tu pour vivre de la BD ?
Je ne vis pas encore de la BD ; à part mes droits d’auteur sur la vente de mes BD et illustrations, je ne touche aucun autre revenu. En parallèle, je travaille en intérim, essayant de trouver un emploi qui me permette de concilier avec mon autre activité associative et mes BD, en attendant de pouvoir vivre décemment de ma passion. Ce n’est pas facile tous les jours mais je fais mon chemin petit à petit, patiemment.
Comment a démarré le projet Josh ? L’as-tu proposé à des éditeurs ou voulais-tu dès le départ t’auto-éditer ?
Le projet Josh, sous une autre forme, a été conçu pendant mes années de lycée. Jugeant le premier scénario trop sombre, pessimiste, je l’avais mis de côté au profit de Delirium, une série aux antipodes de celui-ci, récit comique sans queue ni tête. C’est ce projet que j’ai proposé à une liste d’éditeurs il y a une dizaine d’années, sans suite. La politique de l’époque était avant tout de proposer des séries bankables d’auteurs asiatiques, et non de produire de jeunes auteurs français au style manga. Il est vrai que mon dessin n’était pas aussi abouti à l’époque. Je me suis alors donné le challenge de développer mon univers et améliorer mon trait, pour me lancer dans l’auto édition avec Cyrille Alviset, président des éditions babylon Com.
Comment s’est mise en place la publication de Josh sur Têtu Blog ? Quel a été l’impact ? Sais-tu qui lit ces BD en ligne ? Principalement des lecteurs de Têtu ou bien des lecteurs spécifiques au blog, qui ne lisent pas le reste du site ?
En me confiant ce blog, Gilles Wullus, rédacteur en chef de Têtu, m’a donné carte blanche. La fréquence du blog s’est faite plus régulière dès que j’ai présenté mes premières planches. À la base, ce sont des lecteurs de Têtu, par curiosité, qui ont suivi mon travail. À cela s’est ajouté des fans de la première heure, étrangers au site, ainsi que des personnes qui avaient eu vent de ce que je faisais par le bouche à oreille.
La version papier de Josh : comment se passe la diffusion en librairies et en festivals ? Quel a été l’accueil des lecteurs de mangas ? Et celui des lecteurs gays non lecteurs de mangas ? Y a-t-il beaucoup d’achats en ligne ? Comment viennent les acheteurs en ligne ? Par le site de Têtu ?
Nous distribuons nous-même nos publications, nous démarchons les libraires. Pour citer un exemple, avec Josh, sur une douzaine de points de vente établis, environ deux cents ont été contactés. On travaille activement sur le positionnement de nouvelles librairies pour Josh et Delirium. En parallèle, nous vendons nos BD sur les conventions que nous faisons. Sur le public qui a découvert celles-ci, il y a ceux qui saluent notre démarche, le travail fourni, ses qualités, et qui nous aident par leurs critiques à nous perfectionner. Et puis il y a ceux qui passent leur chemin, qui soit n’aiment pas ce que l’on fait ou qui préfèrent le travail de vrais mangakas. L’avis des lecteurs gays est assez partagé ; il y a ceux qui aiment Josh et il y a ceux qui n’aiment pas l’image véhiculée par mon héros ou son traitement dans ce premier tome. Les ventes sur notre boutique sont assez régulières, avec des petits pics de hausse à la sortie de nouveautés. Les principaux acheteurs sont des fans, ou des curieux qui découvrent nos univers.
Y aura-t-il un Josh 2 ?
Il y aura bien un Josh 2, les premiers chapitres seront à découvrir sur mon blog Têtu avant sa sortie. Pour faire patienter les fans, nous avons sorti le 4 juillet une édition limitée à 200 exemplaires de Josh tome 1, avec une nouvelle couverture et un set de cartes postales, le tout numéroté. Cette édition est en vente exclusive sur notre boutique en ligne www.babylonchronicles.fr . Pour Josh tome 2, je vous demande de patienter, je suis dessus, mon premier critère étant de privilégier la qualité à la quantité.
Pourrais-tu parler de ton manga shôjo, Delirium ?
Delirium est une série comique gay friendly, assez barrée, qui ne se prend pas au sérieux. On suit les mésaventures de Pearce, une jeune fille perdue dans une forêt infestée de monstres. Elle recherche sans relâche l’âme sœur dans ce monde complètement loufoque, haut en couleurs. On pourra y croiser des personnages issus de mes autres travaux, Josh y compris, sous forme de clins d’œil. Les trois premiers chapitres ont été publiés sur mon blog Têtu. La comédienne Chantal Lauby m’a fait l’honneur de signer le postface du livre. Par rapport au sujet abordé et au ton de l’histoire, je ne vois pas meilleure marraine que Chantal, et je la remercie pour ce geste.
Delirium tome 1 : La forêt hantée est sorti le 4 juillet sur notre boutique www.babylonchronicles.fr avant de trouver de futurs points de vente.
juillet 24th, 2011 à 0:08
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